Sur les traces de ceux qui nous ont précédés à Mouzillon

L'acte du 15 mars 1853 : un second partage

Le 15 mars 1853, est réuni un conseil de famille auquel participent : Marie Mauvilain, Henri Denis, Benjamin Denis, Joseph Grégoire, François Aubin, Julien Aubin, Louis Grégoire.

Le conseil nomme Joseph GREGOIRE de l'Aiguillette subrogé-tuteur.

Un acte enregistré le 24 mars 1853 présente l'inventaire de l'exploitation précédemment dirigée par Augustin Denis et Marie Mauvilain sa femme, d'une part et par Henri Denis son frère et beau-frère d'autre part. Ce inventaire va mentionner

I- des objets privatifs aux époux Denis

II- des objets dépendants de la société

Le total des objets estimé pour 5549.95 francs La moitié revenant aux époux Denis-Mauvilain.

III- des objets privatifs

total des objet privatif : 42.35 francs

et encore :

Il reste donc 78, 50 fr à partager en deux, soit 39,25 fr. Et encore il faut prendre en compte le fermage échu à la Saint Georges...

Un autre document précise « désignation du mobilier appartenant à Augustin DENIS père du Grand Plessis en la commune de Mouzillon...

1- Un lit composé d'un bois à quenouille, une paillasse, une couette, deux traversins, un oreiller coutil en fil, deux draps, deux couvertures en laine dont une de couleur verte et l'autre rouge, rideau et poutre en drapé soutenu avec une targette en fer

2- Une armoire à deux ventaux en vieux bois fermant à clé de moyenne valeur ;

3- Une table en bois de chêne avec deux tiroirs sans clé ;

4- Un marchepied a une tête en vieux bois de peu de valeur...

5- vingt draps de peu de valeur, un manteau et un vêtement à son usage... »

Cet inventaire sépare clairement le objets privatifs et les objets dépendant de la société. L'ensemble désignant ce que possédait la famille DENIS du Grand-Plessix à la fin de l'année 1852.

réflexions sur des items de cet inventaire

1- au sujet des objets dépendants de la société

Les animaux sont d'abord les 21 bovins : 6 bœufs, 4 taureaux, 5 vaches, 5 génisses et 1 veau. Ce nombre est légèrement plus faible qu'en 1845. Ils représentent au total un montant de 1960 francs.

Le porc est estimé à 110 francs, légèrement plus qu'une vache; peut-être était-il gras et à maturité. Une mention de deux charniers et du reste du lard indique que l'élevage de ce porc était destiné à la consommation familiale, au moins en partie.

La jument qui était mentionnée en 1845 n'est plus là. Cet inventaire mentionne la présence d'une selle, d'un collier et de bats de cheval : ces objets sont présents bien qu'il n'y ait plus de cheval. Pour quelles raisons le cheval a-t-il disparu ? nous ne le savons pas, cependant, ces objets ont été conservés probablement dans l'espoir qu'un autre cheval arrivera.

En revanche, ni en 1845 ni en 1853 il n'est fait mention de poules, de canards, de lapins. La basse-cour est inexistante.

Ces remarques sur les animaux montrent d'abord qu'ils sont le premier capital de cette famille; ensuite ils révèlent un fléchissement de l'exploitation agricole depuis 8 ans.

Au Grand Plessix, comme dans toutes les métairies de Mouzillon, ne reste aucune trace de grands bâtiments d'élevage bovin comme on en trouve dans beaucoup de ferme du Choletais ou du nord Vendée (une grande grange entre deux étables). Aucune ferme de Mouzillon ne comporte ces éléments architecturaux. La tradition d'élevage bovin n'était peut-être pas aussi perfectionnée que sur d'autres territoires pourtant assez proche. Les races de bovins étaient soit normande-maraichine, soit maine-anjou.

La pratique de l'élevage était assez extensive, peu technicisée. Les éleveurs n'avaient pas de formation spécifique sur ce sujet et les propriétaires de la ferme ne s'intéressaient pas suffisamment à ce domaine d'activité.

Les récoltes en revanches apparaissent plus nombreuses; elles témoignent d'une travail et d'une main-d’œuvre active.

==> Le stock des 41 hectolitres de froment, des 20 litres de lin et des 160 litre d'orges représentent une valeur de 1317 francs c'est le second rang dans le capital de cette famille. De plus il serait judicieux d'ajouter les 20 doubles-décalitres de farine pour un montant de 75 francs. Le moulin à passer la farine semble indiquer que le blé était moulu et la farine périe sur place pour cuire le pain. Les membres de cette communauté de travail se nourrissait principalement des production de la ferme.

La référence à une part d'un moulin à battre laisse supposer un système mécanique, peut-être l'ancêtre des batteuses et des moissonneuses-batteuses. La mécanisation du travail agricole est donc déjà initiée. De plus, il s'agit d'une part, comme si le matériel appartenait aussi à un autre; il s'agirait donc d'un matériel en commun avec une autre exploitation.

==> Les 134 hectolitres de vin (Muscadet et Gros Plant des récoltes des 1851 et de 1852) représentent une valeur de 1295 Francs. Le matériel viticole (futs, portoirs... sont bien là, mais il n'y a pas encore de pressoir au Grand Plessix. Pour les vignes à complant, c'est le pressoir de la Bottinière et pour la vendange en propriété, c'est le pressoir familial du bourg qui est utilisé.

Ce vin était destiné à être majoritairement vendu : il était la source d'agent frais

==> Le stock de bois est de taille : 400 fagots, 3 stères de rondins, deux lots de planches, chevrons et palastres, un lot de buches... Ce bois permettait de se chauffer, de cuire les aliments; sa vente pouvvait apporter aussi de l'argent frais.

==> Les fibre et des textiles : fils, fillasse et gros tissus Tout ce qui se rapporte au lin, à la laine et aux textiles, dont 47 mètres de toile, du lin, des fils, de la fillasse

Des objets de cet inventaire laisser deviner une autre tradition en perte de vitesse : le rouet, la laine, la fillasse, le travouille, le fuseau... peut-être antérieurement à l'élevage bovin y-avait-il un élevage ovin ? Un autre argument est à verser à cette hypothèse : au milieux du XIXème siècle, parmi les villages créés, l'un porte le nom de "Moutonnerie". Cette appellation est une référence à explicite à une tradition d'élevage ovin.

Plus largement des cultures de plantes permettant le tissage ont laissé des traces : 1 double décalitre de graine de lin... La culture du lin est cohérente dans le contexte des tissages qui se réalisaient sur les bords de la sèvre nantaise.

==> Les fruits : cormes et autres... et des pommes de terre

les outils

De nombreux outils sont cités :

==> ceux pour travailler avec les animaux, les harnais, le charrettes, les charrues...

==> ceux pour couper le bois, émonder les arbres, fendre les buches, nettoyer les haies et le rivage de la Sangèze, faire des travaux de charpente

==> ceux pour préparer l'alimentation, cuire..

==> ceux d'une vie quotidienne : la pendule, les cuillères, fourchettes, vaisselle, draps,...

2- au sujet des objets privatifs

Dans la grande diversité des objets cités, il est possible de noter les catégories suivantes :

==> les objets d'éclairage et de cuissons ainsi que la vaisselle;

==> la literie : lits, paillasse, draps, couvertures...

==> les meubles : armoires, tables, coffres,

==> des textiles : draps, napperons...

==> les objets de travail domestique : le rouet

Ces listes d'objets nous donne des indications sur la vie quotidienne des communauté humaines qui étaient dans des fermes au milieu du XIXème siècle. Une vie modeste et sobre qui garanti un quotidien et une vie sociale.

vie collective dans une ferme au milieu du XIXème siècle

Au-delà de objets et de la valeur de chacun d'eux, cette liste met en valeur la dimension collective d'une métairie comme celle du Grand-Plessix.

==> Il s'agissait d'une communauté de travail, d'une communauté de vie quotidienne entre les employés et les patrons, d'une communauté familiale avec ses trois générations. Les solidarités sont fortes : tous sont liés aux récoltes, aux maladies, à la vieillesse, à la vie et à la mort. Cette communauté est sous la conduite d'un ou deux leaders.

==> La vie privée et la vie publique ne se partagent pas de la même manière qu'au XXIème siècle puisqu'en 1853 le même inventaire rapporte les outils de travail et les objets personnels.

==> Cette vie était limitée dans un horizon borné par les distances qui pouvaient être effectuées à pied. On comprend le poids et la place qu'a pu occupé la vie religieuse avec son rassemblement hebdomadaire pour la message du dimanche, avec ses fêtes qui rythmaient les saisons et les récoltes, avec les célébrations qui donnaient une signification à la naissance, au mariage et à la mort.

==> Aucun livre n'est cité, aucun instrument de musique n'est évoqué

fermage

Un reçu en date du 16 septembre 1854 précise que les métayers de la métairie du Grand-Plessix en Mouzillon ont payé " à la guil du propriétaire de cette métairie la quantité de 28 boisseaux de froment, mesure ancienne du Palet …"